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Économie : quelles tendances mondiales en 2018-2019 ?

Malgré le resserrement des conditions financières américaines et une possible exacerbation des tensions commerciales, le retournement du cycle n’est pas imminent. Mais la belle accélération synchrone est désormais bien dépassée. La croissance est encore insolente aux États-Unis, vigoureuse en zone euro après un essoufflement temporaire, destinée à se replier dans la mosaïque émergente. Les pays émergents sont les premières victimes de la combinaison « appréciation du dollar, montée des taux américains et intensification des craintes liées au protectionnisme ».

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États-Unis : une santé économique insolente

Le rythme de croissance ne s’infléchit pas, elle est tirée par la consommation des ménages et par la reprise de l’investissement, mais aussi « sur-stimulée » par un plan budgétaire aussi substantiel qu’inopportun. Aussi mûr soit-il, le cycle, dopé par des économies d’impôts intervenues alors que l’économie fonctionnait déjà à pleine capacité, voit son pic différé. Et les déséquilibres qui en annoncent généralement la fin ne sont pas encore exacerbés. Bien que la croissance excède son rythme potentiel (1,8-2 %) et que le taux de chômage (3,8 % à rapprocher d’un pic à 10 % en octobre 2009...) soit inférieur à son niveau « d’équilibre » (selon la Federal Reserve (Fed), avec un taux de chômage à 4,5 %, l’économie est au plein emploi), l’inflation se redresse lentement. Mais son accélération pointe. De plus, la Federal Reserve veille et cherchera évidemment à promouvoir un ralentissement ordonné. Le cycle américain se révèle d’une longévité impressionnante. Le cycle actuel comptabilise déjà 107 mois de croissance ininterrompus à rapprocher des records de 106 et 119 mois enregistrés –respectivement – au tout début des années 60 puis 90. Si la croissance se maintient jusqu’en juin 2019, le cycle d’expansion actuel, en place depuis juin 2009, se révélera alors le plus long jamais enregistré.

Mais ce cycle va se heurter au durcissement des conditions financières.
Il va être confronté aux resserrements monétaires réguliers qui devraient conduire le taux des Fed Funds au-dessus de son niveau « naturel » (2,9 %) fin 2019. Une politique monétaire restrictive, puis une courbe des taux d’intérêt plate : un symptôme censé nous signaler que la récession est un risque substantiel. La croissance s’infléchira, en outre, mécaniquement lorsque le stimulus fiscal va s’évaporer. La contribution à la croissance des « lois » budgétaires estimée à 0,8 et 0,6 point de pourcentage en 2018 et 2019, respectivement, devrait être quasiment nulle en 2020. Après avoir atteint 3 % en 2018 et 2,9 % en 2019, le taux de croissance repasserait sous son rythme potentiel en 2020.

2020 : année au cours de laquelle intervient le retournement cyclique, année au cours de laquelle une récession américaine ne peut être exclue.

Zone euro : une croissance vigoureuse

En zone euro, le ralentissement du premier trimestre a suscité de nombreuses questions auxquelles des réponses exagérément pessimistes, voire alarmistes, ont été fréquemment apportées. Expliqué par des exportations moins dynamiques, cet à-coup ne signale pas la fin prématurée du cycle de croissance. Ce dernier ne bute pas sur des contraintes d’offre rédhibitoires, notamment en termes de travail. Ce ne sont pas les tensions sur la main-d’œuvre qui risquent de faire dérailler la croissance. Cette dernière s’assagit et se voit menacée par des facteurs extérieurs : plus que le resserrement monétaire américain, c’est bien le risque d’escalade dans la guerre commerciale qu’il convient de craindre. Compte tenu des représailles probables (mais supposées modérées, par nécessité, compte tenu des pertes qu’elles occasionneraient pour les belligérants hors États-Unis), il serait exagérément ambitieux de chiffrer le coût potentiel d’une guerre dont on ne connaît pas les contours. Une guerre commerciale pénaliserait évidemment la croissance. Cependant, avant même que l’escalade n’intervienne, ce sont les dommages sur la confiance pouvant altérer les décisions d’investissement qu’il y a dès à présent lieu de redouter.

Ainsi, après 2,6 % en 2017, notre scénario révise la croissance de la zone euro légèrement à la baisse (2,2 % en 2018, puis 2 % en 2019) pour incorporer l’à-coup du premier trimestre et un environnement plus risqué sans inscrire un retournement du cycle européen.

L’Europe n’est encore pas réellement affectée par les troubles américains qui se manifestent, pour l’instant encore, sous une forme financière. En revanche, le cocktail « appréciation du dollar, montée des taux américains et intensification des craintes liées au protectionnisme » a renforcé les pressions financières sur la sphère émergente.
 

Capture sc eco

Pays émergents : léger recul de la croissance, intensification des risques

Au sein de la mosaïque émergente, la plupart des devises ont reculé, les taux d’intérêt ont connu des pressions haussières et les primes de risque* se sont écartées. Et même si la croissance a généralement fait preuve d’une bonne résistance dans la plupart des pays émergents et joué un rôle d’amortisseur face aux pressions issues des marchés, elle est globalement en légère perte de vitesse. Nous tablons sur un ralentissement très graduel, de 4,6 % en 2018 et 4,5 % en 2019.

Pétrole : l’Arabie Saoudite garante de l’équilibre pétrolier

Maintien d’une croissance très soutenue en 2018 et 2019 aux États-Unis, léger essoufflement en zone euro, ralentissement modéré dans l’univers émergents : une « histoire » encore sereine, bien qu’entourée de risques substantiels, qui suppose que le prix du pétrole reste élevé et volatil, mais ne se redresse pas violemment si l’Arabie saoudite se montre garante de l’équilibre pétrolier. Un scénario qui repose également sur une remontée lente et ordonnée des taux d’intérêt.

Politique monétaire : resserrement divers

Déterminée, la Fed poursuit son resserrement monétaire en vue de promouvoir un atterrissage en douceur et reconstitue ses marges de manœuvre. La BCE s’engage dans la voie d’une politique lentement, très lentement, moins souple. À l’aune de la vigueur de la croissance, les taux longs américains sont faibles. Mais de puissantes forces de rappel préviennent actuellement une correction violente. Un constat de même nature convient à la zone euro. Les taux d’intérêt core ne peuvent que se redresser très lentement.

* supplément de rendement exigé par les investisseurs afin de compenser un niveau de risque supérieur à celui d’une obligation dite « sans risque » (emprunt d’État américain ou allemand, par exemple)

 

Source : Études Économiques Groupe de Crédit Agricole S.A.

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