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Ce 2 juillet, la Journée internationale des coopératives permet de mettre en avant le monde coopératif et son modèle socio-économique particulier.

Reposant sur les valeurs d’entraide, de responsabilité personnelle, de démocratie, d’égalité, d’équité et de solidarité ainsi que sur les valeurs éthiques d’honnêteté, d’ouverture, d’engagement social, de responsabilité et d’altruisme, les coopératives s’avèrent être un rouage important et vertueux de l’économie. Elles contribuent ainsi à une participation accrue des populations au monde économique, elles génèrent un nombre important d’emplois et maintiennent le capital financier dans les communautés locales. Aujourd’hui, 12% de la population mondiale appartient à l’une des trois millions de coopératives existantes1. En France, en 2020, ce sont 1,3 million de salariés qui travaillent pour les 22 600 coopératives du pays. Elles regroupent 28,7 millions de sociétaires (soit un Français sur trois) et dégagent 324 milliards d’euros de chiffres d’affaires2.

Le Crédit Agricole est aujourd’hui le premier groupe coopératif et mutualiste au monde. Conçu comme une coopérative de crédit depuis ses origines, il a également accompagné l’essor des coopératives agricoles depuis le début du 20ème siècle.

Le Crédit Agricole, coopérative de crédit

Au 19ème siècle, le financement de l’agriculture s’est longtemps heurté à un manque de capitaux et à la frilosité des banques traditionnelles vis-à-vis de ce secteur. Les différents essais de création de sociétés de crédit ont échoué les uns après les autres, notamment ce que l’on a appelé le « Crédit Agricole impérial ». Cette société créée sous le Second Empire s’est rapidement perdue dans des interventions hors de l’agriculture et a fait faillite au début des années 18803.

Parallèlement, en Allemagne, des caisses locales de crédit mutualistes voient le jour sous l’impulsion de Friedrich Wilhelm Raiffeisen. C’est en s’inspirant de cette pratique coopérative que naît la première caisse locale de Crédit Agricole à Salins-les-Bains dans le Jura. Ses promoteurs, Louis Milcent et Alfred Bouvet, créent en 1884 le Syndicat des agriculteurs de Poligny auquel ils greffent en 1885 la première caisse de crédit. Celle-ci va alors servir de modèle aux pouvoirs publics qui cherchent toujours la bonne méthode pour encourager le développement de l'agriculture française et donc son financement.

La loi de 1894 autorisant la création de caisses locales partout en France entre membres de syndicats agricoles va ainsi lancer l’essaimage de la pratique coopérative appliquée au crédit chez les agriculteurs. Complété par la création des caisses régionales en 1899 puis par celle de l’Office national en 1920, l’édifice du Crédit Agricole s’est donc construit « par le bas », au plus près des territoires. Mobilisant des agriculteurs soucieux de se financer pour développer leurs exploitations, leur engagement au sein du Crédit Agricole leur a permis d’accéder aux responsabilités et de se former aux questions financières. Ce modèle est toujours en place actuellement même si le sociétariat s’est largement ouvert aux autres couches de la population au fil du temps et des élargissements successifs du champ de compétence du Crédit Agricole. 

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Extrait du film "Le crédit au service de l'agriculture tourangelle" de 1947 qui présente quelques caisses locales (réal. Pierre Dubiau).

Fondé sur le principe de 1 homme = 1 voix, le monde coopératif expérimente constamment la démocratie dans sa gouvernance. Cela se manifeste, pour le Crédit Agricole, par des réflexions constantes sur le sens de son action et sur sa volonté de revivifier régulièrement sa pratique coopérative et mutualiste. Dans les archives, de multiples discours et débats, à toutes les époques, témoignent de cela, à la fois pour les objectifs à fixer (lutter contre la désertification des campagnes, apporter le maximum de services aux plus grand nombre) et pour les moyens de maintenir un bon niveau de participation des sociétaires à la vie du groupe.

Le financement des coopératives agricoles

On peut faire remonter les premières coopératives agricoles françaises aux fruitières du Jura du 13ème siècle. Le décollage ne date cependant que de 1875, au moment de la crise agricole. Jusqu’alors, les agriculteurs ne s’associaient que difficilement et, de plus, les grands théoriciens du mutualisme, à l’exception de Charles Fourier, ne s’adressaient pas à eux. La création des premiers syndicats d’agriculteurs, encadrés par une loi de 1884, servent alors à mutualiser certains achats, comme les engrais4.

« La coopération, c’est aussi l’amélioration de l’homme d’un point de vue moral ».

Etrangement, le Crédit Agricole n’a pas tout de suite eu la possibilité de financer les coopératives. Il a fallu attendre 1906 pour qu’un texte l’autorise à leur accorder des crédits à long terme5. Le législateur envisage cette loi comme un prolongement naturel de l’action du Crédit Agricole et comme une façon d’encourager le modèle coopératif. Les coopératives sont vues comme un outil au service des petites exploitations rurales, à la fois pour leur approvisionnement (coopératives d’achat) et pour l’écoulement de leurs produits (coopératives de transformation et de vente). Le rapporteur du projet de loi et fondateur de la Caisse régionale de la Haute-Loire, Louis Vigouroux, présente la coopération comme un puissant outil de transformation sociale, morale et politique : « La coopération, c’est l’action de plusieurs hommes en commun pour un but profitable, mais c’est aussi l’amélioration de l’homme d’un point de vue moral ; c’est la substitution de la formule bien républicaine et bien nouvelle, l’union pour la vie, à l’odieuse formule, la lutte pour la vie, qui doit à jamais disparaître dans une société de justice et de civilisation ».

Prospectus du Crédit Agricole à destination des coopératives agricoles (1947).
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La crise des années 1930 renforce l’action du Crédit Agricole en direction des coopératives, notamment celles en charge du stockage des productions : la création en 1936 de l’Office nationale interprofessionnel des céréales (ONIC) pour lutter contre les effets de la surproduction place le Crédit Agricole au centre des échanges entre les agriculteurs et les coopératives de stockage. Après-guerre, la distribution de prêts à moyen terme permet aux coopératives de développer efficacement leur équipement dans une période où il faut reconstruire et surtout moderniser l’agriculture française.

La période qui va des années 1950 aux années 1980 voit la transformation des coopératives agricoles en entreprises de taille moyenne. Cette mutation est accompagnée par le Crédit Agricole qui, outre ses outils de financement, fait parfois bénéficier les coopératives de son savoir-faire en matière de management. Il faut également noter que, parmi les élus du Crédit Agricole, beaucoup d’entre eux sont aussi administrateurs de coopératives.

Enfin, à partir des années 1980, une troisième étape de développement des coopératives agricoles s’amorce avec un mouvement de concentration qui permet la naissance de grandes entreprises dont certaines sont désormais des champions de l’agroalimentaire français. Là encore, le Crédit Agricole a accompagné cette évolution6.

Aujourd’hui, les coopératives agricoles françaises représentent 2 200 entreprises. Elles sont le premier employeur des zones rurales et dégagent 85,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Le mouvement de concentration décrit plus haut n’a cependant pas été général puisqu’actuellement 93% de ces entreprises sont des TPE ou PME. L’ensemble représente donc un fort maillage auquel il faut donc ajouter le réseau du Crédit Agricole dont l’impact historique sur le développement des territoires n’est plus à démontrer.

Notes

Site de l’Alliance coopérative internationale : Faits et chiffres | ICA

2 Panorama des entreprises coopératives 2020 sur le site de Coop.fr : Panorama des entreprises coopératives 2020 | Campagnes | Qui sommes-nous ? | Coop FR

3 Thierry Claeys, « La Société de crédit agricole fondée en 1861 : une expérience malheureuse », in La Revue française d’histoire économique, n° 13, 2020, p. 20.

4 Patricia Toucas, Les Coopérateurs, Paris, Les Editions de l’atelier, 2005, p. 64-67.

5 André Gueslin (dir.), Le Crédit Agricole, un siècle au présent, Paris, Hervas, p. 74.

6 Hubert Bonin, Le Crédit Agricole, de la banque des campagnes à la banque universelle (1951-2001), Genève, Droz, 2020, p. 257.

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La Fondation Maison de Salins : l’histoire au service du monde coopératif
 

Siège de la Fondation Maison de Salins.
Il s'agit de la maison, restaurée, qui a abrité la première caisse locale.

Créée en 2017, la Fondation Maison de Salins est une fondation d’entreprise du Crédit Agricole qui a pour ambition de promouvoir le modèle coopératif. Regroupant une trentaine de caisses régionales, Crédit Agricole SA, Crédit Agricole Assurances, Crédit Agricole Immobilier et Cariparma, elle déploie son action dans deux directions. Elle accueille tout d’abord des séminaires dans la maison de Salins-les-Bains qui a hébergé la première caisse locale et que l’on peut donc considérer comme le berceau du groupe Crédit Agricole. 

Pas d’histoire sans archives


Sa deuxième activité consiste à mettre en valeur l’histoire de la coopération dans toute sa diversité, le Crédit Agricole n’en étant qu’une partie. C’est ainsi que le site internet de la Fondation met en libre accès des documents d’archives pour permettre la reconstitution de l’histoire du mouvement coopératif : plus d’un millier de documents anciens de caisses régionales côtoient ainsi des reproductions de journaux de la CNMCCA et des coopératives de communication. Le dernier partenariat en date a été noué avec le Centre de Terre Blanche qui regroupe les archives historiques de Peugeot, dont celles de sa coopérative du personnel.

Depuis 2021, la Fondation est épaulée par un comité scientifique qui regroupe des archivistes et des universitaires spécialisés en histoire économique et en gestion. Ce comité aide ainsi la Fondation dans ses travaux et promeut la recherche académique sur le monde coopératif. Consciente de la dispersion des archives, elle publiera ce 4 juillet un guide des sources recensant les principales institutions et fonds d’archives sur le sujet.

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