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Afrique sub-saharienne : quels effets du changement climatique sur les économies de la région ?

Au cœur du programme de la COP 28, qui s’est déroulée du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, la question du changement climatique a attiré l’attention du monde entier. Ce sommet international offre, en particulier, l’occasion d’échanger au sujet des enjeux climatiques et environnementaux, sans précédent, auxquels l’Afrique sub-saharienne est confrontée. 

En effet, les événements climatiques extrêmes comme les inondations, les épisodes de canicule et de sécheresse se produisent avec une fréquence et une intensité accrues au sein de la région. Ces phénomènes météorologiques provoquent des pénuries d'eau, alimentent la désertification, accélèrent l'érosion des côtes, endommagent les infrastructures, diminuent les récoltes, contribuant, au passage, à des pertes de revenus pour les États. 

Par ailleurs, ces effets du changement climatique augmentent également la charge de morbidité, l’intensité de la pauvreté et alimentent les migrations, cristallisant de nombreuses tensions sociales et économiques au sein de la région. 

Bien que l’Afrique sub-saharienne soit responsable de moins de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il s’avère qu’elle est la région la plus vulnérable aux effets du changement climatique.  

Récemment, des inondations dans la Corne de l'Afrique ont fait plus de 2 millions de déplacés et près de 300 morts selon les chiffres de l’ONU. Alors que la région venait de subir la pire sécheresse qu'elle ait connue depuis 40 ans, elle est désormais en proie, depuis des semaines, à des pluies torrentielles liées au phénomène climatique El Niño.

Le Kenya fait partie des pays touchés par ce phénomène météorologique, tout comme l’Éthiopie ou la Somalie. Or, l'agriculture, principal contributeur à l'économie kenyane, est fortement vulnérable aux sécheresses et aux pluies diluviennes qui se multiplient.

"Sans mesures d'adaptation, l'impact du changement climatique pourrait entraîner des pertes de PIB réel à hauteur de 7% tandis que le nombre de pauvres au Kenya pourrait augmenter de plus d’un million d'ici 2050", affirme la Banque mondiale. 

Ce constat inquiétant vaut pour l’ensemble des pays de la région. L’avènement des cyclones au Mozambique, la montée des eaux au Sénégal, les épisodes de sécheresse au Soudan soulignent l’importance de la mise en place de nouvelles stratégies d’adaptation et de résilience. 

Or, un enjeu crucial des prochaines discussions à la COP 28 sera celui du financement de ces stratégies. Au nom de la justice climatique, les pays d’Afrique sub-saharienne attendent des pays développés, responsables de l'essentiel des émissions de gaz à effet de serre, qu'ils les aident à se décarboner et à s'adapter au réchauffement climatique. Cette requête est d’autant plus justifiée, selon les gouvernements des pays d’Afrique subsaharienne, que la région devra consacrer entre 2 et 3% de son PIB par an à l’adaptation au réchauffement climatique, d’après les estimations de l’ONU, alors que de nombreux pays de la région pâtissent d’un niveau de dette publique déjà très élevé. 

Dans cette perspective, un grand pas a été franchi lors de la première journée de cette COP 28, lorsque les négociateurs ont accepté de créer un fonds « pertes et dommages » consacré aux réparations des dégâts irréversibles subis par les pays « particulièrement vulnérables ». Ce fonds, hébergé par la Banque mondiale au cours des quatre prochaines années, sera lancé en 2024. 

Pour autant, « le compromis trouvé reste fragile car, ni la question des pays donateurs, ni celle des bénéficiaires, ne fait consensus à ce stade » relève Lola Vallejo, directrice du programme climat de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI). 

Anticipant ces difficultés lors du Sommet africain sur le climat qui s’est tenu à Nairobi en septembre, de nombreux chefs d’État africains ont appelé à une réforme financière mondiale et à une réponse globale et systémique à la crise de la dette naissante, suggérant un moratoire de dix ans sur les paiements d’intérêts pour permettre des dépenses d’adaptation, ainsi qu’une interruption du service de la dette en cas de catastrophe naturelle.

D’autres propositions innovantes ont également émergé à l’instar d’accords « dette-nature ». Ces accords, comme il y a pu en avoir entre l’Allemagne et le Kenya ou le Portugal et le Gabon, offrent aux pays en développement la possibilité de réduire leurs dettes extérieures en échange d’investissements verts. Pour autant, de tels swaps bilatéraux ont tendance à être « trop modestes », selon la Banque africaine de développement, afin de résoudre l’ampleur de la crise de la dette d’une part, les enjeux de la crise climatique d’autre part. 

Enfin, d’autres pays militent pour l’adoption d’une taxation internationale ou le développement des crédits-carbone, systèmes de compensation permettant aux industries les plus polluantes de se voir attribuer des quotas d’émissions de gaz à effet de serre, qu’elles peuvent éventuellement dépasser en achetant des crédits sous forme de projets de réduction des émissions de carbone.

Au total, « l’Afrique aura besoin de 1 600 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris » indique la Banque africaine de développement, soit près de 80% du PIB de la région. Le changement climatique constitue donc à la fois un enjeu immédiat et une contrainte de long terme pour les pays d’Afrique subsaharienne, en particulier pour les pays sahéliens ou insulaires. 

L’Afrique sub-saharienne est en effet peu résiliente en raison de l’importance significative de son activité agricole, de sa pression démographique et de son faible niveau de développement. Par conséquent, le sommet de la COP 28 serait une opportunité, pour les pays de la région, de plaider en faveur de mesures de restructuration de la dette et d’établissement de prêts concessionnels afin de faciliter les efforts de transition énergétique et d’adaptation au défi climatique.
 

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