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Chine : annonces de soutien à l’économie après une nouvelle chute des indices boursiers

À Davos, le 16 janvier dernier, le Premier ministre chinois, Li Qiang, s’était félicité devant son auditoire des 5,2% de croissance atteints par la Chine, et ce « en évitant un stimulus majeur ». Force est de constater que cette annonce, plutôt que de rassurer les investisseurs, a eu l’effet inverse : les places boursières chinoises ont de nouveau décroché la semaine dernière. Devant ce mouvement de panique, les autorités chinoises ont annoncé de nouvelles mesures de soutien à l’économie.

Quel est le véritable niveau de la croissance ?

En cause, les inquiétudes sur la santé réelle de l’économie chinoise. Le groupe Rhodium1 estime ainsi que la croissance réelle n’a été que de 1,5% en 2023 et que le chiffre avancé par le Bureau national des statistiques n’est pas cohérent avec le niveau d’activité et de dépenses dans le pays. 

En décomposant les contributions à la croissance, les analystes de Rhodium montrent ainsi qu’il est peu probable que l’effondrement du secteur immobilier, qui aurait coûté 1,6 point de pourcentage de PIB en 2023, ait été compensé par une accélération de l’investissement dans les autres secteurs. Le constat est le même en ce qui concerne la contribution de la consommation publique, qui ne correspond pas au niveau des recettes, en baisse depuis 2015, et au rythme de tirage des fonds locaux. Seules les contributions du commerce extérieur et de la consommation privée sont jugées crédibles – bien que légèrement surévaluées également – mais insuffisantes pour parvenir au chiffre de 5,2% de croissance annoncé par les autorités. 

De plus, la préférence des consommateurs pour l’épargne, qui se traduit à la fois par une hausse de l’épargne excédentaire et par une baisse des montants des crédits, les ménages remboursant leurs dettes par anticipation, va encore peser sur les perspectives de 2024.

Quel que soit le niveau réel de la croissance, deux messages peuvent être retenus. Le premier, c’est que l’opacité du système statistique chinois n’est pas nouvelle, mais qu’elle s’intensifie. De nombreuses séries qui permettaient de suivre plus précisément la production industrielle ne sont plus disponibles, les indices liés au marché du travail (qu’il s’agisse ou non des jeunes) sous-estiment le niveau réel du chômage en ne prenant pas en compte les travailleurs migrants, et la pondération de l’indice d’inflation demeure secrète. 

Ainsi que le souligne le groupe Rhodium, les institutions internationales, et notamment le FMI, n’ont pas encore émis d’alerte vis-à-vis de la crédibilité du système statistique chinois, et conservent un niveau de prévisions très proche de celui des autorités. Un changement de paradigme sur ce plan serait un signal extrêmement fort, sûrement perçu comme une attaque par le gouvernement chinois. 

En attendant, une chose est sûre : l’économie chinoise ne va pas très bien et la confiance des investisseurs s’érode. La correction imposée sur les indices boursiers cette semaine est le signe que ces derniers ne croient pas au niveau de valorisation des entreprises et l’estiment moins élevé.

 

De nouvelles mesures de soutien à l’économie

Après cette journée noire du 22 janvier, les autorités ont ainsi décidé de réagir avec plus de vigueur. 

Première annonce : une baisse du taux des réserves obligatoires des banques de 50 points de base (pb), portant à 150 pb la baisse cumulée depuis avril 2022, ainsi que du taux de discount de 25 pb. Ces mesures d’assouplissement monétaire visent à augmenter le niveau de liquidités des banques, et donc à les encourager à poursuivre leur production de crédits à destination des entreprises. 

Deuxième décision, qui devrait être confirmée et précisée dans les prochains jours, celle d’un fonds d’urgence doté de 2 000 milliards de yuans (environ 255 milliards d’euros), afin de soutenir les actions chinoises. Les fonds pourraient provenir des réserves étrangères des entreprises d’État en majorité libellées en dollars, qui ont profité d’un effet de change favorable ces derniers mois, le yuan s’étant déprécié face au billet vert. Un fonds similaire avait été mis en place en 2015 lors de l’éclatement d’une bulle spéculative, provoqué là encore par une crise de confiance des investisseurs qui suspectaient les autorités de gonfler les chiffres de la croissance, alors que les signaux d’un ralentissement se multipliaient. Ce fonds n’avait pas pu empêcher une très forte correction des valeurs. 

De manière générale, ce genre de crises de confiance, que l’on peut aussi retrouver sur le marché des changes, est difficile à endiguer. Dans le cas chinois, le risque est que les annonces paraissent une fois de plus trop timides par rapport à la santé réelle de l’économie chinoise, et surtout qu’elles ne ciblent pas les bons secteurs, à commencer par celui de la consommation privée domestique.

Avec ce nouveau revers boursier, la place de Shanghai cède un peu plus de terrain à sa concurrente japonaise – la bourse de Tokyo a repris le rang de première place asiatique – et continue d’entraîner celle de Hong Kong dans sa chute. Face à cet incendie, les autorités chinoises ont décidé de réagir en utilisant deux outils habituels dans leur politique économique : la baisse des taux, qui vise à libérer de nouvelles liquidités pour les banques, et un fonds d’urgence afin de stabiliser le marché boursier, déjà utilisé en 2015 sans grand succès. 

Si ces mesures vont peut-être rassurer les investisseurs étrangers, dont l’opinion sur la Chine a sensiblement évolué ces deux dernières années tant en raison du ralentissement économique que de ses causes, à la fois structurelles (démographie, éclatement de la bulle immobilière, déséquilibre entre investissement et consommation) et (géo)-politiques (resserrement réglementaire, tensions sino-américaines pesant sur le commerce extérieur, politique zéro-Covid), elles ne s’attaquent toujours pas au problème profond de la confiance des consommateurs. Même si la chute des investissements directs étrangers et les sorties de capitaux étrangers sont un problème pour l’économie chinoise, leur poids n’a jamais dépassé les 5% du PIB, quand le secteur immobilier contribuait à près de 25% de la valeur ajoutée. Éteindre l’incendie de la semaine était nécessaire, mais ne dispensera pas les autorités de s’attaquer au foyer du feu principal.

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