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ROYAUME-UNI – Transition verte : point d’étape à mi-parcours

Le Royaume-Uni a réalisé des progrès notables dans la décarbonation de son économie. Il est devenu le premier grand pays à diviser par deux ses émissions de gaz à effet de serre (GES)1 territoriales entre 1990 et 2022, en grande majorité grâce à la nette diminution de l’utilisation du charbon au profit des énergies renouvelables. Cependant, le plus difficile reste encore à faire, à savoir l’électrification de l’industrie et du secteur agricole, le financement de la rénovation thermique des bâtiments, des investissements massifs dans les innovations en matière de capture et de stockage de carbone, etc.  

Précurseur dans la lutte contre le réchauffement climatique, le Royaume-Uni est le premier pays du G7 à légiférer sur des objectifs clairs de lutte contre les émissions de GES (loi Climate Change Act de 2008). Il a publié un premier plan sur sa stratégie de neutralité carbone le 19 octobre 2021 décrivant les mesures à mettre en œuvre et les engagements du gouvernement dans les différents secteurs pour atteindre son objectif de réduction des émissions de GES à horizon 2050. Un des objectifs du plan est que le pays soit entièrement alimenté par de l’électricité propre (qui inclut les énergies renouvelables mais aussi l’énergie nucléaire), sous réserve que la sécurité de l’approvisionnement soit assurée, d’ici 2035. En réalité, la stratégie britannique vise une low carbon transition se focalisant sur la réduction des émissions de GES plutôt qu’une véritable transition énergétique fondée uniquement sur le développement des énergies renouvelables et qui impliquerait la fin du nucléaire. Pragmatisme et réalisme sont ainsi au cœur de la stratégie britannique « net zero ». 

Malgré une transparence stratégique accrue et les bonnes performances en matière de respect des cibles de réductions des GES, le gouvernement britannique actuel est sévèrement critiqué pour ses retards chroniques dans la mise en place de son programme et pour avoir renoncé à des engagements clés, ce qui met en péril la réalisation des objectifs fixés. Dans sa dernière évaluation de 2023, la Commission sur le Changement Climatique ou Climate Change Committee (CCC, cabinet d’experts indépendant créé par la loi de 2008) déplore le manque d’avancées dans les domaines autres que la production d’énergie et juge que les objectifs à moyen terme seront difficiles à atteindre. Il regrette le fait que le gouvernement soit revenu sur ses engagements en matière de combustibles fossiles, avec l’autorisation d’une nouvelle mine de charbon (bien que celle-ci ait vocation à être utilisée pour la production d’acier et non d’électricité et que l’objectif du gouvernement de mettre fin à ce combustible dans la production électrique d’ici le 1er octobre 2024 reste d’actualité) et son accord pour l’exploitation de nouveaux champs pétroliers et gaziers en mer du Nord. En raison de la nette détérioration de la crédibilité du gouvernement en matière de lutte contre le changement climatique et des retards dans la conception et la mise en place des actions urgentes, le Climate Action Tracker (CAT) juge que la cible britannique des émissions à l’horizon 2030 n’est plus compatible avec l’objectif de l’Accord de Paris de 2015 de limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C ; le Royaume-Uni doit donc accélérer ses réductions d’émissions pour être conforme à l’objectif de 1,5 °C. 

Les travaux existants sur les estimations du coût de la transition verte pour l’ensemble de l’économie et les différents secteurs ainsi que pour le secteur public, font état d’un coût net de la transition sur la période 2020-2050 estimé à 321 milliards de livres - avec 1 312 milliards de dépenses en investissements partiellement compensées par 991 milliards en économies opérationnelles. Ce sont le secteur de l’énergie et les bâtiments qui contribuent le plus à ce coût net en raison de la forte hausse de la génération d’électricité nécessaire pour décarboner l’énergie utilisée par le reste de l’économie et du coût élevé de la décarbonation des bâtiments. Les véhicules sont le segment qui apporte la plus forte réduction des coûts grâce aux économies réalisées. À partir de 2040, les économies opérationnelles nettes devraient dépasser les coûts des investissements et, en 2050, le gain annuel net serait de l’ordre de 19 milliards de livres (0,6% du PIB de 2050).

Concernant l’impact de la transition verte sur l’économie, selon le CCC, le niveau du PIB pourrait bien connaître une augmentation non-négligeable (d’environ 2% à l’horizon 2030, 3% à long terme) qui serait accompagnée d’une hausse d’environ 1% de l’emploi. Cela est dû en grande partie aux investissements significatifs, privés et publics, qui seront nécessaires pour décarboner l’économie (en hausse de 10 milliards de livres en 2020 à près de 50 milliards de livres en moyenne par an à partir de 2027). Enfin, sur les comptes publics, l’impact serait une détérioration progressive du déficit public au fil des années, le portant à 5% du PIB en 2050/2051, soit 2,3 points au-dessus du scénario sans décarbonation, en raison des dépenses liées à la transition et à la perte de certaines recettes fiscales (taxes sur l’essence par exemple). 

En conclusion, la transition verte est source d’opportunités pour l’économie britannique. Selon McKinsey, la transition verte mondiale pourrait créer des opportunités à hauteur de 1 000 milliards de livres pour les entreprises britanniques jusqu’en 2030, chiffre également cité par le gouvernement britannique. La transition offre des opportunités sur le long terme pour les services financiers britanniques. Le gouvernement estime que les marchés mondiaux de la finance durable devraient atteindre 34 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion d’ici 2026, dépassant la croissance du secteur de la gestion d’actifs et de patrimoine dans son ensemble. Le gouvernement britannique compte donc soutenir son secteur financier pour qu’il s’assure une part significative de ce marché.

 

Pour en savoir plus, consultez l’intégralité de la publication Royaume-Uni – Transition verte : point d'étape à mi-parcours

1. Les principaux gaz à effets de serre sur le territoire britannique sont le dioxyde de carbone (80% des émissions de GES totales en 2022), le méthane (14%), l’oxyde nitreux (4%) et les gaz fluorés (2%). Voir le rapport "2022 UK Greenhouse Gas Emissions"

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