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Données économiques et financières des marchés boursiers de la Chine - Crédit Agricole 1re banque France particuliers professionnels institutions agriculture entreprise - Actualité Banque

Les données d’activité du mois d’août en Chine témoignent toujours d’une conjoncture morose. Le pays reste notamment pénalisé par la crise de l’immobilier, une consommation des ménages atone et un chômage élevé chez les jeunes. À cela s’est ajoutée une spirale déflationniste qui accentue les comportements attentistes. De fait, l’objectif de croissance de 5% fixé par le gouvernement pour 2024 apparaît très optimiste, voire irréaliste. Face à cette situation, la Banque centrale de Chine (PBoC) a dévoilé mardi de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire.

Une combinaison inédite de mesures 

Ces annonces étaient attendues, mais seront-elles suffisantes ? Dans le sillage du premier assouplissement monétaire décidé par la Fed, et du rebond du yuan observé depuis un mois, la PBoC a regagné quelques marges de manœuvre dont elle s’est emparée pour soutenir le marché immobilier. 

Première annonce, la baisse de 50 points de bases (pdb) du taux de réserves obligatoires (RRR), déterminant le niveau de liquidités que les banques commerciales doivent déposer auprès de la banque centrale. Cela devrait libérer environ 1 000 milliards de renminbi chinois (RMB) (142 Md$) de liquidités auprès des banques, selon le gouverneur de la PBoC, Pan Gongsheng. Cependant, alors que les prix immobiliers continuent de baisser et que les ménages continuent de privilégier le désendettement à la consommation, il n’est pas certain que la production de crédits accélère significativement. Fait rare en Chine, la PBoC a indiqué qu’une nouvelle baisse du RRR de 25 à 50 pdb était envisageable avant la fin de l’année. Il convient de rappeler que ce taux avait déjà été réduit de 50 pdb en février dernier, sans stimuler significativement l’économie – la croissance au T2 2024 s’établissait à 4,7% en glissement annuel, contre 5,3% au T1 2024. 

Cette fois-ci, la baisse du taux de réserves obligatoires s’accompagne d’une baisse de 20 pdb du taux de prise en pension à 7 jours (7D reverse repo rate), le fixant à 1,5%. L’autre taux directeur principal de la PBoC, le taux pour les prêts à moyen terme aux établissements financiers (MLF), a quant à lui été raboté de 30 pdb mercredi dernier, atteignant son plus bas historique à 2%. Ces baisses devraient entraîner une diminution de 20 à 25 pdb du taux préférentiel de prêt (LPR) et des taux de dépôts.

Une autre mesure importante est la baisse de 50 pdb en moyenne du taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires, réduisant d’environ 150 milliards de RMB la charge de la dette des ménages. Encore une fois, il s’agit de savoir si ce surplus de revenu disponible va être consommé ou épargné. Cette mesure, à laquelle s’ajoute une diminution du capital requis pour l’achat d’une deuxième résidence (de 25% à 15%), a pour but de stimuler un marché immobilier que rien n’a jusqu’ici réussi à sortir de la crise.

Enfin, des mesures de soutien aux marchés des actions ont été présentées par Pan Gongsheng. D’une part, la PBoC propose des prêts bon marché aux banques commerciales pour permettre le rachat d’actions. D’autre part, la PBoC souhaite créer un programme de swap permettant aux investisseurs institutionnels d’accéder plus facilement au financement afin d’acheter des actions. L’objectif pour la PBoC est de stabiliser des marchés boursiers sous pression et donc de favoriser l’investissement, notamment dans les entreprises privées.

Ces mesures sont sans précédent depuis la sortie de crise du Covid-19. La baisse simultanée des taux directeurs et du ratio de réserves obligatoires est particulièrement remarquable car rarement observée. En complément, la PBoC a adopté une stratégie de « forward guidance », visant à influencer les anticipations des agents économiques en annonçant de futures mesures potentielles. En ce sens, elle a envoyé un message clair quant à sa détermination à soutenir l’économie chinoise. Cet assouplissement est le bienvenu dans le contexte actuel. 

 

Quelles implications pour la courbe de taux ?

Depuis le début de l’année 2024, la Chine est confrontée à un phénomène d’aplatissement de la courbe des taux de rendements des obligations d’États (Chinese Government Bond, CGB). En effet, la différence de rendements entre les CGB à 30 ans et celles à 10 ans a chuté à seulement 20 pdb le 1er mars 2024. Le 2 août, au lendemain de l’annonce de la baisse du 7D reverse repo rate, le CGB à 10 ans a chuté à 2,1%, son niveau le plus bas.

En temps normal, les taux de rendements des obligations longues sont plus élevés pour récompenser les investissements de long terme. Lorsque ces taux se rapprochent des taux de rendements des CGB courts et moyens (1-10 ans), cela témoigne du pessimisme des investisseurs qui s’orientent vers les obligations de long terme, faisant mécaniquement augmenter les prix et diminuer les rendements. Aux États-Unis, l’inversion de la courbe de taux est souvent annonciatrice d’une récession. Dans le cas chinois, cela pourrait fragiliser le yuan et entraîner une sortie de capitaux. 

La PBoC s’est emparée de ce sujet et a annoncé le 1er juillet une intervention sur le marché des CGB. En vendant des CGB de maturités longues (20-50 ans), la PBoC cherche à faire diminuer les prix et augmenter les rendements, et inversement lorsqu’elle achète des CGB de maturités courtes et moyennes (jusqu’à 10 ans). Le jour de l’annonce, le rendement du CGB à 10 ans a augmenté de 4 pdb, à 2,25% et le CGB à 50 ans a augmenté de 5 pdb, à 2,53%. La courbe a retrouvé une allure plus raide.

Ce coup de pouce temporaire n’a pas empêché le rendement des CGB à 10 ans de frôler les 2% en septembre. Le jour de l’annonce des nouvelles mesures d’assouplissement monétaire, mardi 24 septembre, le taux de rendement à 10 ans a chuté de 30 pdb à 2,038%. Le rendement des CGB à 30 ans chute, quant à lui, de 5 pdb, passant de 2,168% à 2,163%, son niveau le plus bas.

Les bourses chinoises ont réagi positivement aux mesures dévoilées par la PBoC. À la clôture, le mardi 24 septembre, le principal indice de Hong Kong a grimpé de 4,13%, ceux de Shanghai et Shenzhen de 4,15% et 3,95% respectivement. Si c’est assurément un pas dans la bonne direction, ce plan semble pourtant largement insuffisant. Les mesures annoncées sont loin d’être le plan de relance colossal préconisé par de nombreux experts. Selon Robin Xing, économiste Chine chez Morgan Stanley, il faudrait que la Chine dépense quelque 10 000 Mds de RMB (1 400 Md$) sur deux ans pour relancer l’économie et surtout la sortir de la situation déflationniste dans laquelle elle semble maintenant bloquée depuis plus d’un an.

Si les baisses de taux ciblent principalement le secteur immobilier, et visent à créer un choc de confiance positif auprès des ménages, leur transmission à l’économie réelle est loin d’être évidente. Le canal des taux ne s’avère pas toujours efficace et ne répondra pas aux interrogations plus profondes des ménages chinois, comme le chômage des jeunes ou la stagnation des salaires, facteurs du comportement de sur-épargne observé depuis le Covid.

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