Les réseaux de chaleur, épine dorsale du développement de sources de chaleur renouvelable locale

La production et la distribution de chaleur renouvelable constituent l’un des pans stratégiques de la transition énergétique en France
La transition énergétique française, lancée en 2015 avec la loi LTECV
Vous avez dit réseaux de chaleur ?
Les réseaux de chaleur se composent de trois éléments principaux. La chaufferie correspond au système de production centralisée de chaleur et peut comporter une ou plusieurs chaudières. Les canalisations transportent un fluide caloporteur (sous forme d’eau ou de vapeur d’eau à une température comprise entre 60°C et 300°C selon les usages finaux). Les sous-stations, qui sont constituées d’échangeurs thermiques, représentent les points de livraison de la chaleur et peuvent être associées à un bâtiment seul ou à un ensemble de bâtiments gérés par une même entité. Une fois ses calories transmises au niveau d’une sous-station, le fluide caloporteur refroidi circule en sens inverse jusqu’à la chaufferie. Les réseaux de chaleur fonctionnent ainsi en boucle.
Des niveaux de verdissement des réseaux hétérogènes selon les régions
En moyenne et à fin 2019, les réseaux de chaleur de la France continentale sont approvisionnés à 59% par des énergies renouvelables et de récupération (EnR&R). De fortes disparités concernant le développement des réseaux de chaleur sont à noter entre les différentes régions françaises. L’Île-de-France affiche un réseau long de 1 854 kilomètres, ce qui la place largement en tête des régions françaises sur ce critère. Elle ne s’approvisionne cependant qu’à 53% en EnR&R. Seule la région Hauts-de-France (39%) présente un taux plus bas. La Bretagne (78%), l’Occitanie (76%) et les Pays-de-la-Loire (73%) sont les régions associées aux réseaux de chaleur les plus verts.
Accélérer les développements
En 2019, selon l’association Amorce et le Syndicat national de chauffage urbain (SNCU), 798 réseaux de chaleur (contre 781 un an plus tôt) étaient alimentés en moyenne à 59,4% par des EnR&R contre 57,1% l’année précédente. Durant cette même année, ces réseaux ont délivré environ 25,6 TWh de chaleur à 40 993 bâtiments au total, soit 2,37 millions d’équivalents logements
Le projet strasbourgeois R-PAS de réseau de chaleur fatale : un modèle vertueux d’écologie industrielle
L’essor des réseaux de chaleur passera également par la valorisation de la chaleur fatale dont le potentiel est important. Il est estimé par l’ADEME pour le secteur industriel à environ 109 TWh, soit l’équivalent d’environ 36% de la consommation de combustibles de l’industrie
Lancé en 2015 dans le cadre d’un partenariat associant le Port autonome de Strasbourg à l’énergéticien R‑CUA, le projet R-PAS a pour objectif de valoriser la chaleur fatale issue de différents sites de production en l’exportant vers les quartiers proches, par le biais de réseaux de chaleur urbains neufs ou existants. L’investissement global du projet est de 27 millions d’euros et R-PAS bénéficie de 11 millions d’euros d’aides du Fonds Chaleur de l’ADEME. R-PAS permettra courant 2021 de fournir 45 à 50 GWh de chaleur renouvelable décarbonée, effaçant ainsi 15 000 tonnes d’émissions de CO2. Le raccordement futur de nouveaux gisements de chaleur fatale doit permettre à terme d’atteindre une capacité totale de 160 GWh, soit l’équivalent de la consommation de 35 000 logements neufs. R-PAS s’inscrit ainsi pleinement dans l’objectif fixé par l’Eurométropole de Strasbourg d’être un « territoire 100% énergies renouvelables » et de récupération d’ici 2050. Ce projet emblématique d’écologie industrielle mobilise un écosystème d’acteurs variés et démontre toute la pertinence des réseaux de chaleur au service d’une transition énergétique qui se veut locale et collaborative.
David Balussou, Direction des Études Économiques Groupe