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Il y a 112 ans naissaient les prêts individuels à long terme du Crédit Agricole

Le 19 mars 1910, une loi crée la possibilité pour le Crédit Agricole de distribuer des prêts individuels à long terme. Ce nouveau produit a permis l’accès à la propriété à plusieurs dizaines de milliers d’agriculteurs¹.

Portrait du Crédit Agricole en 1910

D’un point de vue institutionnel, des caisses locales et des caisses régionales sont présentes dans chaque département, à l’exception de l’Alsace-Moselle toujours sous occupation allemande. En revanche, l’organe central ne sera créé que dix ans plus tard et, en attendant, c’est la Commission de répartition des avances de l’Etat aux caisses régionales, dépendante du ministère de l’Agriculture, qui assure la cohésion de l’institution.

Les battages en Beauce, début 20ème siècle (carte postale, collection des archives historiques de Crédit Agricole SA).


En ce qui concerne les produits, le Crédit Agricole a pu dès sa création distribuer des prêts à court terme pour l’équipement en petit matériel des exploitations ainsi que des crédits de campagne (également à court terme) pour couvrir les besoins saisonniers de trésorerie. Le Crédit Agricole peut également faire des crédits collectifs à long terme depuis 1906, notamment pour que les coopératives agricoles puissent étoffer leurs infrastructures.

Favoriser la petite propriété rurale pour lutter contre désertification des campagnes

Les solutions de crédit immobilier à destination des agriculteurs sont alors trop onéreuses pour cette population. La loi de 1910 sur le crédit individuel à long terme veut donc « faciliter l’acquisition, l’aménagement, la transformation et la reconstitution des petites exploitations rurales » avec des crédits à faible taux d’intérêt. Les limites de ces petites exploitations sont déterminées par les caisses locales et les prêts sont limités à 8 000 francs. L’idée sous-jacente est « d’empêcher la désertion des campagnes et d’y conserver le plus possible une population saine, vigoureuse, qui sera demain comme aujourd’hui le plus solide fondement de notre état social et républicain ». L’objectif politique et social de cette loi est donc bien affirmé.

Ce nouveau type de crédit s’adresse donc aux ouvriers ruraux et aux exploitants non propriétaires pour amplifier « le mouvement qui fait passer la terre de France entre les mains de ceux qui la cultivent2 ». De plus, le ministère de l’Agriculture préconise au Crédit Agricole de s’adresser à une clientèle de jeunes agriculteurs, « sortis depuis peu du régiment, désireux de suivre l’exemple de leurs parents et de tirer du sol les ressources indispensables pour créer un foyer3 ».

Scène agricole dans l'Orne, début 20ème siècle (carte postale, collection des archives historiques de Crédit Agricole SA).


Ce nouveau crédit rencontre un succès rapide et le Crédit Agricole doit même faire face les premières années à un problème de financement. Selon le ministre de l’Agriculture Joseph Ruau, promoteur de la loi, il s’agit d’un changement majeur dans l’histoire de l’institution : on passe d’un « crédit aux agriculteurs » à un « crédit à la terre4 ». Dès 1913, le montant des avances mises à disposition des caisses régionales au titre de la loi de 1910 dépassent celui des avances aux coopératives (14,5 millions de francs contre moins de 12 millions). En 1926, le nouveau président de la Caisse nationale, Etienne Clémentel, se félicitera que «  les sommes employées par le Crédit Agricole (…) ont permis de créer près de 35 000 petits propriétaires, c’est-à-dire plus que la Révolution avec les biens nationaux5 ».

Comme on peut le voir, cette loi de 1910, aujourd’hui bien oubliée, a été très structurante à la fois pour le Crédit Agricole et pour le monde agricole et rural. Elle sera complétée en 1913 par une loi sur le crédit individuel à moyen terme destiné à l’équipement des exploitations. Le Crédit Agricole, par ses prêts, couvre désormais l’ensemble des besoins de l’agriculture.

Scène de battage en Auvergne, début 20ème siècle (carte postale, collection des archives historiques de Crédit Agricole SA).

 

NB

Cet article a été rédigé à partir des deux ouvrages suivants : André Gueslin, Les Origines du Crédit agricole (1840-1914), Presses universitaires de l’Université de Nancy, 1978, p. 310-321 ; Caisse nationale de crédit agricole et André Gueslin, Un siècle au présent, Paris, Hervas, 1994, p. 75.

Journal officiel, annexe n° 3109, 18 février 1910, p. 136.

3 Ministère de l’Agriculture, Encouragement à la petite propriété rurale, 1916, p. 10.

4 Journal officiel, annexe n° 3074, 18 février 1910, p. 83.

5 Cité dans Un siècle au présent, Paris, Hervas, 1994, p. 75.

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