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Alors que la reprise s’essouffle légèrement en France, la relance se dessine

Après un rebond mécanique en sortie de confinement marqué par la reprise des chantiers et la réouverture des commerces, la reprise de l’activité a ralenti pendant l’été. Les comportements de rattrapage de la consommation observés en mai et juin semblent se modérer comme le montre l’évolution de la consommation des ménages en biens qui ne progresse que de 0,5% en juillet après +35,5% en mai et +10,5% en juin. Elle se situe désormais à un niveau proche de celui d’avant crise, la consommation de services reste cependant plus déprimée.

Malgré une nouvelle progression au mois d’août, les indicateurs du climat des affaires de l’Insee semblent également traduire un certain ralentissement de la reprise. En effet, tant dans l’industrie que dans les services, la hausse du climat des affaires est essentiellement liée à la forte amélioration des soldes d’opinion sur l’activité passée qui s’intéresse à la production sur les trois derniers mois. En revanche, les perspectives personnelles de production reculent légèrement en août et l’évolution prévue des effectifs ne progresse que d’un point en restant à un niveau inférieur à sa moyenne historique. De la même manière, l’activité prévue dans les services connaît un léger recul en août. Si le niveau des enquêtes PMI auprès des directeurs d’achat (IHS Markit) est plus favorable et reste au-dessus de 50, soit en zone d’expansion économique, les indices connaissent un léger recul en août et le détail des soldes d’opinion composant les indices transmet des informations similaires, reflétant la perception d’incertitudes sur l’avenir. Celles-ci sont notamment dues au récent rebond du nombre de cas de Covid-19 et à la mise en place de mesures sanitaires plus strictes au cours des dernières semaines.

Sous condition d’amélioration de la situation sanitaire et du retour de la confiance, la dépense d’une partie de l’épargne accumulée pendant le confinement par les ménages et le plan de relance récemment annoncé devraient soutenir la reprise.En effet, le gouvernement a présenté jeudi son plan France Relance de 100 milliards d’euros. Articulé autour de trois axes (Écologie, Compétitivité et Cohésion), ce plan a pour but de soutenir les entreprises, l’emploi et l’investissement dans la transition écologique. Parmi les mesures marquantes, nous retiendrons les 20 milliards d’euros de baisse des impôts de production pour les entreprises, qui bénéficieront majoritairement aux PME et ETI, l’investissement en infrastructures vertes (rénovation de bâtiments, transports, énergies vertes, …) et les aides à l’emploi (prolongation du chômage partiel pour certaines branches, formation et aides à l’insertion des jeunes).

Le plan de relance contient également de nouvelles mesures visant au renforcement des fonds propres des TPE/PME et ETI. Face à la dégradation du bilan des entreprises et à la forte hausse de leur endettement, et au-delà du soutien à court terme de leur trésorerie, il s’agit de renforcer les fonds propres des TPE/PME et ETI pour restaurer leur capacité d’investissement, à travers deux mesures :

-       la création d’un label « relance » pour identifier les placements financiers les plus pertinents pour une reprise durable de l’économie, afin d’orienter l’épargne vers le financement de long terme des PME et ETI via notamment des fonds investis en obligations remboursables en actions (ORA)

-       l’octroi par les réseaux bancaires de prêts participatifs (prêts de long terme assimilés à des financements en quasi-fonds propres). Ces prêts participatifs seraient majoritairement refinancés via des fonds par les investisseurs professionnels (assureurs, gestionnaires d’actifs, etc.). L’État a mis en place une enveloppe de 3 milliards d’euros de garanties publiques pour lever de 10 à 20 milliards d’euros de prêts participatifs qui pourraient ainsi être accordés pour renforcer les fonds propres de 10 000 à 20 000 TPE, PME et petites ETI.

Le plan de relance présenté la semaine dernière est un clair soutien à l’offre pour les années à venir avec la baisse des impôts de production comme mesure phare en faveur des entreprises. Si on peut s’étonner de l’absence de mesures de soutien à la demande, les ménages disposent d’un important matelas d’épargne accumulé pendant le confinement et qui devrait, en étant dépensé, soutenir la consommation. Ainsi, ce sont 100 milliards d’euros d’épargne supplémentaire qui pourraient être utilisés dans les prochains trimestres et qui viendront s’ajouter aux 100 milliards d’euros du plan de relance. Il est toutefois probable que les fortes incertitudes économiques et sanitaires conduiront les ménages à maintenir un niveau élevé d’épargne de précaution, les craintes concernant l’évolution du chômage restant notamment élevées.

Si le retour à une activité normale reste conditionné par l’évolution de la situation sanitaire, le plan du gouvernement a pour objectif de donner un second souffle à la reprise de l’économie et de la soutenir durablement par des investissements d’avenir en faveur de la compétitivité et de la transition écologique. L’objectif affiché du gouvernement est d’ailleurs d’ajouter 1,5 point à la croissance et de créer au minimum 160 000 emplois en 2021 grâce à ce plan.

Le financement du plan n’est pas encore entièrement détaillé. 40 milliards d’euros devraient provenir du plan de relance européen approuvé au début de l’été et le reste viendra donc probablement alourdir la dette publique. Le gouvernement écarte tout retour à l’austérité dans les années à venir pour compenser l’explosion de la dette publique due aux mesures de soutien et à la baisse du PIB cette année et exclut hausses d’impôts et fortes économies en dépenses. Il mise au contraire sur une hausse de la croissance potentielle à moyen terme pour que les investissements d’aujourd’hui créent dans les années à venir la richesse nécessaire à leur remboursement.

 

Pierre BENADJAOUD

pierre.benadjaoud@credit-agricole-sa.fr

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