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Élections à venir en Écosse : test sur la question de l’indépendance

Les élections du mois de mai en Écosse devraient conduire à une majorité pro-indépendance, ce qui pourrait mener à un second référendum sur l’indépendance.

Élections à venir en Écosse


Ce 6 mai, les Écossais se rendront aux urnes pour élire les 129 membres de leur Parlement[1] . Ces élections pourraient conduire à un second référendum sur l’indépendance de l’Écosse (souvent appelé indyref2) si une majorité pro-indépendance l’emportait. La promesse de la tenue d’un référendum sur l’indépendance « lorsque la crise Covid sera passée » a été inscrite dans le programme électoral du Parti national écossais (Scottish National Party ou SNP) qui stipule clairement que les élections du 6 mai constituent une demande de permission au peuple écossais pour la tenue d’un second référendum sur l’indépendance. Au pouvoir depuis 2007, le SNP est en passe de sortir vainqueur de ces élections, même s’il risque de ne pas obtenir la majorité absolue (65 sièges). 

Depuis le début de l’année, les sondages montrent une baisse de popularité du SNP, accompagnée d’une baisse du soutien à l’indépendance[2]. Le succès de la campagne de vaccination lancée par le gouvernement de Boris Johnson (applaudie par 82% des Écossais, selon YouGov) et, plus récemment, les tensions croissantes au sein du SNP suite à l’ « affaire Salmond » semblent expliquer cette affaiblissement récent. Alors qu’il recueillait près de 60% des intentions de vote des circonscriptions en début d’année, le SNP n’en captait plus que 48% fin avril. Le SNP est toutefois toujours loin devant ses adversaires dans les sondages, les Conservateurs et le Labour qui récoltent chacun près de 21% des intentions de vote des circonscriptions selon une moyenne pondérée de sondages[3] . Au niveau du vote régional, la popularité du SNP est tombée sous les 40%, au plus bas depuis plus d’un an. 


Le soutien à l’indépendance avait augmenté sensiblement début 2020 et avait maintenu une nette marge d’avance par rapport aux partisans de l’Union tout au long de l’année écoulée. Mais depuis le début de cette année, le camp du « oui » est en perte de vitesse dans les sondages où les résultats sont devenus très serrés et volatils. Au mois d’avril, les sondages semblent donner une marge d’avance aux unionistes qui, dans certains cas, atteignent 8 points de pourcentage.


Même si le SNP n’arrivait pas à obtenir la majorité absolue, une majorité pro-indépendance devrait se dégager de ces élections. Le nouveau parti indépendantiste, Alba, créé par l’ancien Premier ministre Alex Salmond, est l’inconnue de ces élections. S’il obtient plus de 5% des voix, il risque de priver le SNP d’une majorité absolue au Parlement. Toutefois, les sondages suggèrent que le parti des Verts, allié du SNP dans le gouvernement actuel depuis 2016 et ouvertement pro-indépendance, devrait réaffirmer son pouvoir à Édinbourg à l’issue du vote régional. Le SNP pourrait compter à nouveau sur son soutien s’il n’arrivait pas tout seul à obtenir la majorité absolue. 

Le chemin de croix des indépendantistes

Le gouvernement britannique a catégoriquement rejeté un nouveau référendum sur l’indépendance en Écosse affirmant qu’un tel scrutin devait avoir lieu « une seule fois dans une génération ». En droit britannique, les questions touchant à l’avenir de l’Union relèvent du pouvoir exclusif de Westminster qui, par conséquent, peut seul permettre la tenue d’un tel scrutin. Le gouvernement écossais souhaite le transfert du pouvoir législatif depuis Westminster vers Holyrood (appelé ordre Section 30) pour que celui-ci puisse légiférer sur la question. Pour lui, le Brexit, qui a fait sortir l’Écosse de l’UE contre la volonté de 62% des citoyens écossais, constitue depuis 2014, un « changement significatif de circonstances[4]»  et, de plus, le gouvernement britannique n’a pas considéré les propositions du Parlement écossais lors du processus de négociations, notamment son souhait d’un maintien du Royaume-Uni dans le marché unique et dans l’union douanière. Si la demande du gouvernement écossais d’un ordre Section 30 est rejetée, mais que le SNP décide tout de même de faire voter sa loi sur le référendum par le Parlement écossais, l’affaire sera certainement remontée à la Cour suprême. En ce qui concerne la possibilité d’un scrutin consultatif, sans l’autorisation de Westminster, le gouvernement écossais ne l’a jamais exclue, mais l’accord de Westminster est préférable car un référendum illégal pourrait être bloqué par la Cour suprême, être boycotté par les partis unionistes et/ou avoir un faible taux de participation, ce qui amoindrirait davantage sa légitimité.


La question d’une Écosse indépendante soulève de nombreuses incertitudes[5] : divorce avec le Royaume-Uni et répartition des comptes publics, devise du nouvel État écossais, banque centrale, appartenance éventuelle à l’UE (et, in fine, à la zone euro). C’est certainement en grande partie en raison de ces incertitudes qu’une majorité de la population (55%) a choisi de voter « non » à l’indépendance (45% ont voté pour le « oui ») lors du référendum de 2014. Depuis ce scrutin, la nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE et la crise de la Covid-19 ont été des événements majeurs qui, selon nous, contribuent à faire pencher la balance des arguments économiques en faveur des unionistes. Mais, comme l’a démontré le Brexit, il n’est pas exclu que le politique et l’émotionnel l’emportent sur le rationnel économique dans le choix du peuple écossais si indyref2 avait lieu.

  
Le SNP souhaite que l’Écosse demande son adhésion à l’UE si elle obtient son indépendance du Royaume-Uni. Cependant, l’accord de libre-échange signé entre l’UE et le Royaume-Uni fin 2020 (Accord de commerce et de coopération ou Trade and Cooperation Agreement), et en vigueur depuis le 1er janvier 2021, vient compliquer singulièrement la donne. Le gouvernement britannique ayant fait sortir le Royaume-Uni du marché unique et de l’union douanière européenne, une adhésion de l’Écosse à l’UE impliquerait une frontière physique avec le reste du Royaume-Uni. Or, les échanges de l’Écosse avec le reste du Royaume-Uni sont trois fois plus importants qu’avec l’UE, selon les statistiques, disponibles jusqu’en 2018, du gouvernement écossais. Les exportations écossaises vers l’UE représentaient 16 milliards de livres en 2018, contre 51 milliards pour les exportations vers le reste du Royaume-Uni et 18 milliards vers le reste du monde. Une Écosse indépendante devenue membre de l’UE serait obligée d’imposer des contrôles douaniers pour ses échanges avec l’Angleterre. Son commerce avec le reste du Royaume-Uni se ferait selon les termes de l’Accord de commerce et de coopération en vigueur entre l’UE et le Royaume-Uni : les échanges seraient exempts de droits de douane, mais soumis à des règles d’origine et à des vérifications et des contrôles réglementaires complets. L’émergence de barrières au commerce avec le principal partenaire commercial écossais conduirait, selon une étude du Centre for Economic Performance[6], à un coût en termes de revenu par habitant estimé à deux à trois fois plus élevé que le coût du Brexit, principalement en raison de cette exposition disproportionnée de l’Écosse au reste du Royaume-Uni par rapport à son exposition à l’UE. 

Pour plus de détails sur ces élections, consultez la publication Royaume-Uni – Élections à venir en Écosse : test sur la question de l'indépendance

 

Slavena Nazarova, Direction des Études Économiques
 

 

[1] Les élections législatives écossaises comportent deux votes distincts : un vote pour élire les représentants de chacune des 73 circonscriptions et un vote régional pour élire 56 autres députés issus de huit régions (sept par région).
[2] John Curtice « Why has nationalist support fallen », What Scotland Thinks website, 19 mars 2021
[3] Martin Stabe « Poll tracker: how will the SNP fare in Scotland’s May elections? », Financial Times, 29 avril 2021
[4] « Scotland’s right to choose: putting Scotland’s future in Scotland's hands », Scottish Government, décembre 2019 

[5] « L’Écosse et le coût de la liberté », Crédit Agricole S.A., 22 mai 2014
[6] Hanwei Huang, Thomas Sampson et Patrick Schneider « Disunited Kingdom? Brexit, trade and Scottish independence », Centre for Economic Performance, Brexit Analysis N° 17, 3 février 2021

 


 

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