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Vents porteurs pour l’aéronautique française ?

S’il n’est pas question de remettre en cause la gravité de la crise qui a cloué au sol la quasi-totalité des appareils à l’échelle mondiale et entraîné la fermeture des usines de la filière, il semble cependant que les avionneurs n’aient pas enregistré d’annulations massives de commandes mais plutôt des reports. Aujourd’hui, la production française reprend avec des rythmes en deux-huit – au lieu de trois-huit certes mais vendredi, samedi et dimanche inclus pour respecter les nouvelles mesures sanitaires. En Chine, c’est le trafic intérieur qui repart.

C’est dans ce contexte et après une année 2019 marquée par l’accident industriel du Boeing 737Max que le gouvernement français a annoncé le 9 juin un plan de relance de l’industrie aéronautique dont les ambitions paraissent aller bien au-delà d’une gestion de la crise du Covid-19: décryptage.  

À court terme : limiter les licenciements

Sur le plan intérieur, le constat est simple : la filière participe à la vitalité des territoires avec 300 000 emplois dont 200 000 directs parmi lesquels 35 000 ingénieurs. Cette filière – qui ne se limite pas à faire vivre l’Occitanie ou l’Aquitaine mais aussi la Normandie, toute la façade Atlantique, la vallée du Rhône, et l’Île-de-France – a contribué largement à la création de nouveaux emplois. 58 000 recrutements sur les cinq dernières années. Aussi, compte tenu de la diminution des cadences de production, il a été confirmé pour début juillet un nouveau régime d’activité partielle de longue durée pour éviter la double peine des licenciements et de la perte du savoir-faire.

La construction aéronautique est également le premier contributeur au solde positif du commerce extérieur de la France avec 85% de son chiffre d’affaires réalisé à l’exportation. Le secteur est donc vital pour maintenir la performance de la France dans les échanges internationaux. Les dispositifs de soutien financier à l’exportation visent donc clairement à sécuriser la demande. Les garanties à l’exportation d’un montant global de 3,5 milliards d’euros pour les compagnies aériennes prévoient un dispositif en deux volets. Le remboursement des crédits exportations déjà accordés fera l’objet d’un moratoire de douze mois. Pour les nouveaux achats d’avions Airbus, c’est un assouplissement temporaire des modalités de remboursement qui sera proposé à la Commission européenne. Enfin, la Direction générale de l’armement alimentera également le plan de charge de la filière en anticipant plusieurs commandes militaires dont des avions ravitailleurs A330 MRTT et des hélicoptères.

À moyen terme : concentrer les forces et rationaliser les moyens pour tenir les positions

Au-delà du recours aux PGE et à des mesures de court terme, la chaîne de sous-traitance est engagée depuis plusieurs années déjà dans un mouvement de consolidation.

Un fonds spécifique d’assistance à la chaîne de valeur aéronautique de 1 milliard d’euros, abondé par les donneurs d’ordres, Airbus, Safran, Thales et Dassault, aux côtés de l’État via Bpifrance va être créé pour préparer la supply chain aux défis industriels à venir. Ce fonds d’investissement en fonds propres aura vocation à faciliter la consolidation et la restructuration des acteurs de la sous-traitance pour constituer des plateformes industrielles à même de soutenir la compétition internationale et préserver les entreprises françaises.

Outre ce fonds, 300 millions d’euros seront débloqués par l’État pour accompagner la diversification, la modernisation et la transformation environnementale des PME et des ETI. Cette enveloppe va soutenir des projets de robotisation et de digitalisation. 

À long terme : donner un avenir à la filière

Les dernières années ont été consacrées à la montée en cadence des programmes actuellement commercialisés. Industriels et transporteurs entrevoyaient déjà la phase suivante, à savoir le développement de nouveaux programmes en rupture technologique avec la dernière génération de Neo et de Max. La décarbonation était déjà avant la crise dans tous les esprits.

La crise vient donc donner un sérieux coup d’accélérateur aux projets avec un financement public des programmes de recherche de 1,5 milliard d’euros sur les trois prochaines années. Les axes de recherche vont résolument rompre avec le passé avec notamment la réactivation des technologies de l’hydrogène. Cet effort, qui n’aurait pas été envisageable en dehors du contexte Covid-19, vise également à préserver les capacités de recherche et à assurer l’activité des 35 000 ingénieurs de la filière. 

La prochaine génération d’appareils aéronautiques qui devra intégrer des technologies de rupture va remettre les compteurs de la concurrence sinon à zéro du moins avec des handicaps. La recherche va s’orienter vers des domaines jusqu’à présent étrangers à la filière traditionnelle. Sur la ligne de départ vont s’aligner des pays notamment en Asie dont les ambitions aéronautiques sont claires et dont les moyens notamment humains sont considérables. Dans ces conditions, la cohésion de la filière sera essentielle même si les parcours individuels seront sans nul doute pour certains douloureux.

 

Pascale Rombaut-Manouguian

 

 

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