
Retour sur les 140 ans d’histoire du Crédit Agricole : Les années 1890 - Une organisation « par le bas et de bas en haut »
La création des Caisses locales
Si l’expérience de Salins-les-Bains est positive, les problèmes agricoles français persistent au début des années 1890 et le législateur explore plusieurs pistes pour faciliter le financement de l’agriculture. Ces réflexions aboutissent à la loi du 5 novembre 1894 « relative à la création de sociétés de Crédit Agricole ». L’expérience jurassienne est mise à profit et l’État encourage donc la création de Caisses locales partout sur le territoire en se basant sur une organisation coopérative.
Cette loi de 1894 qui permet aux agriculteurs de s’organiser entre eux pour financer leurs besoins trouve cependant rapidement ses limites. En effet, le montant des capitaux mobilisés par les premières Caisses locales n’est pas suffisant pour satisfaire toutes les demandes. Jules Méline, en tant que président du Conseil, intervient à nouveau en 1897 pour que la Banque de France fasse une avance de 40 millions de francs or aux caisses de Crédit Agricole, remboursable en 1920. Cet apport extérieur permet au Crédit Agricole de véritablement se lancer et de créer de nouvelles Caisses locales.
1. Jules Méline, promoteur de la loi de 1894 pour la création des Caisses locales.
2. Albert Viger, promoteur de la loi de 1899 pour la création des Caisses régionales.
Jules Méline, le promoteur de la loi de 1894, exalte le système coopératif et son impact sociétal : « Voilà Messieurs, le grand principe sur lequel repose notre projet, c’est le grand et puissant levier avec lequel on arrivera, j’en suis convaincu, à soulever et à transformer notre société et par lui seul, qu’on accomplira pacifiquement l’évolution qui se prépare dans le monde du travail ».
La création des Caisses régionales
Une nouvelle loi, votée le 17 mars 1899 et promue par Albert Viger, organise les nouveaux circuits financiers. Elle permet la création de Caisses régionales qui servent à fédérer les Caisses locales de leur ressort, à promouvoir le mutualisme sur leur territoire et, surtout, à répartir en fonction des besoins les avances de l’État entre les Caisses locales.
La commission de répartition
À l’échelon supérieur, une commission de répartition de ces avances qui rassemble des parlementaires et des représentants des Caisses régionales est mise en place au sein du ministère de l’Agriculture.
Le mutualisme s’exprime dans la gouvernance de l’institution. Les agriculteurs sociétaires des Caisses locales élisent leurs administrateurs et président. Ces derniers représentent les Caisses locales auprès de leurs Caisses régionales qui sont elles-mêmes présentes au sein de la commission de répartition. Il est intéressant de remarquer que, comme le dit le sénateur Victor Lourties, toutes ces structures permettent d’organiser le Crédit Agricole « par le bas et de bas en haut » pour être au plus près des agriculteurs et des territoires.
Cette décennie d’organisation reflète donc ce qui va caractériser le Crédit Agricole dans son histoire : une base mutualiste, une structure coopérative et une place importante laissée aux initiatives locales, le tout facilité par des orientations nationales.
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